Une délégation de la FSU a été reçue par le Premier Ministre jeudi 10/02 avec l’ensemble des organisation syndicales et patronales. Il voulait avoir un échange sur l’état d’esprit général, nous avons introduit en disant que nous ressentions une vraie perte de sens des métiers, un sentiment de déclassement, avec des indicateurs tels que les intentions de démission qui augmentent, mais aussi un fort attachement aux missions exercées et donc une culture de service public qui reste bien vivante.

1- Nous avons mis en avant le sujet salarial dans la fonction publique. Le PM a reconnu que la méthode choisie, le « ciblage » de certaines catégories (Ségur, Grenelle, etc), pouvait entraîner des « oublis », des « effets de bord », etc , mais il en tire argument pour prétendre que c’est toute la logique de corps qui ne serait « plus adaptée ». Nous avons dit notre désaccord profond avec cela, les mesures générales telles la revalorisation du point d’indice nous apparaissant au contraire indispensables pour la cohésion et la cohérence de la fonction publique. Cela nous démontre en tous cas que l’idée de remettre en cause les statuts est plus que jamais dans les têtes de la majorité présidentielle actuelle…

2- dans le même esprit, nous avons insisté sur certaines aberrations et incompréhensions créées par la méthode employée et en particulier le Ségur: nous avons porté la voix des sage femmes de la territoriale qui se voient exclu-es du Ségur sans aucune explication, celle des infirmières de l’Etat qui en ont bénéficié mais pas totalement et donc pas dans les mêmes conditions, et bien sûr des personnels sociaux voir point 4. Nous avons parlé des ATSEM qui ont un niveau de diplôme et un type de missions comparables à des catégories qui, elles ont bénéficié du Ségur, y compris à la territoriale, etc. Nous avons dit globalement que les personnels avaient un profond sentiment de manque de reconnaissance, d’autant plus que les catégories B et C démarraient désormais au smic, cela brouille tous les repères sur les catégories et ne permet plus d’envisager des progressions de carrière. Nous actons le refus de dégeler le point, mais nous alertons sur le fait que ne plus prendre aucune mesure salariale générale d’ici la fin du quinquennat est explosif

3- Nous avons parlé du dialogue social et, sans revenir sur l’ensemble des sujets, avons redit que la suppression des CAP et demain des CHSCT avait été une très mauvaise chose, cela nous a fragilisés mais cela a aussi déstabilisé le fonctionnement des services, l’opacité et le sentiment d’arbitraire se sont développés, cela contribue à un sentiment que les personnels ne sont pas entendus et sont traités sans égards.

4- Nous avons parlé des mobilisations de certains secteurs: éducation avec un retour sur janvier et ce que cela avait révélé, AESH, secteur de l’animation, Pole Emploi, travail social. Sur ce dernier sujet du travail social, le PM nous a annoncé qu’il tiendrait une « conférence sociale » la semaine prochaine, « avec des annonces que forcément vous jugerez insuffisantes, mais il y aura des annonces salariales »… sur les AESH, il se dit prêt à regarder le sujet « temps de travail » mais était peu convaincant là dessus et nous sommes revenus longuement à la charge pour que le sujet salarial soit traité lui aussi, les grilles AESH sont déjà obsolètes, ce dont le PM n’avait pas forcément conscience. Sur l’éducation, nous avons dit que nous avions noté un changement de ton, que du matériel était arrivé dans les écoles et établissements, que nous n’avions pas eu suffisamment d’avancées sur les recrutements nécessaires et surtout que la crise avait révélé le besoin d’anticipation sur de nombreux sujets structurels (ENt, bâti scolaire, etc). Par ailleurs, nous avons redit qu’il ne nous semblait pas raisonnable de se précipiter pour « alléger les protocoles », et autant des systèmes tels que les attestations d’avoir fait un auto test ne fonctionnent de toutes façons pas bien et sont difficiles à gérer pour les personnels, autant le port du masque en intérieur au moins nous semble important à conserver. Nous avons glissé un mot sur la nécessité de faire avancer le sujet de la reconnaissance en maladie pro des covid longs.

5- Nous avons beaucoup parlé formation pro / insertion / marché du travail. Nous serons reçus la semaine prochaine au ministère du travail et aurons donc l’occasion de développer sur tous ces sujets, mais l’enjeu était d’interpeller le PM sur ces enjeux qu’il pilote directement à travers les divers plans de relance et autres dispositifs « un jeune, une solution », contrat d’engagement jeunes, etc.  Le PM a défendu un bilan qu’il juge satisfaisant avec une baisse du chômage, davantage de CDI et davantage de contrats d’apprentissage. Nous sommes au contraire revenus sur la loi avenir pro qui a libéralisé le marché de la formation, l’aggravation de la situation pour les métiers en tension, la fragilisation que la voie pro et l’enseignement agricole public ont subie depuis le début du quinquennat, et donc que globalement on ne préparait pas l’avenir avec une telle politique. Nous avons également développé sur la perte de nos expertises dans les CPC sur les contenus de diplômes, là aussi véritable scandale de nous avoir écartés. Que ce soit sur l’orientation ou sur les cartes de formation, nous avons redit que nous pensions qu’une politique adéquationniste était une politique de court terme. On sent à demi mots dans les propos que le PM nous a tenus la volonté de développer encore davantage le rôle des régions, en particulier sur la question de l’orientation….