Cher Paul, chères et chers camarades de l’Institut,
Je tiens d’abord à vous remercier chaleureusement pour cette intervention qui prouve une fois de plus que l’Institut allie lucidité et enthousiasme militant, nous avons bien besoin des deux pour construire l’avenir de notre syndicalisme.

Ce faisant, votre travail de déconstruction d’un certain nombre d’idées reçues nous est particulièrement utile. Le dernier ouvrage que vous avez présenté et qui a été remis aux congressistes est en particulier un outil précieux pour montrer que notre volonté affichée de refonder le syndicalisme, si elle doit bien entendu mesurer toutes les difficultés auxquelles nous avons à faire face, ne saurait prendre la forme principale de lamentations sur le mode du « c’était mieux avant » qui conduit vite vers un « tout est foutu » pour le moins paralysant.

Non, l’action collective n’a pas disparu du champ des possibles. Et oui, les militantes et les militants que nous sommes ont besoin de se l’entendre dire à nouveau, d’en prendre toute la mesure pour aller de l’avant. C’est ce que fait très bien cet ouvrage qui sera, j’en suis sûr, utile à l’activité de toutes et tous.

La manière de présenter les enjeux « en positif », en montrant bien la nécessité mais aussi l’intérêt d’« ouvrir » le syndicalisme sur le monde d’aujourd’hui, est particulièrement riche de perspectives. Je partage donc complètement les 4 objets de réflexion pour l’institut tels qu’ils ont été présentés.
Oui, nous devons aller vers l’ensemble du monde du travail, à commencer par les plus précaires des personnels, les contractuel·les dans notre champ de syndicalisation, et au-delà nous devons participer aux réflexions en cours dans le syndicalisme pour parvenir à toucher et à intégrer à l’activité collective l’ensemble du salariat.
Oui, nous devons investir les questions écologiques non comme un supplément d’âme mais comme une partie complètement intégrée à toute l’action syndicale.
Oui, les questions de l’égalité, de l’antiracisme, du féminisme, sont à articuler pour qu’elles soient davantage qu’aujourd’hui, de véritables questions syndicales. Je suis convaincu que la question de l’égalité entre les femmes et les hommes est LA question revendicative majeure à continuer à travailler, elle doit faire l’objet de réflexions approfondies pour permettre aux militant·es de mieux s’approprier les enjeux féministes. Les questions « identitaires » ont agité les débats de la pire des manières, sous la pression de la droite et de l’extrême droite qui ont voulu fracturer la société, il y a donc urgence à reprendre la main sur ces questions, à ne laisser aucun espace au racisme, à développer notre projet humaniste.
D’où un quatrième oui à la question du rapport au politique : indépendance ne signifie pas indifférence, nous le savons bien, et donc les formes du rapport au politique sont sans cesse à réinterroger, il en va de notre capacité à influer sur le cours des choses…

Je réponds donc évidemment aussi par l’affirmative aux questions et suggestions qui ont été faites, à la fois sur la nécessité que l’institut travaille encore davantage en lien avec toutes les composantes de la FSU, qu’il puisse irriguer l’activité militante à tous les niveaux de la FSU et qu’en retour il puisse s’appuyer sur une contribution de toute la FSU à la qualité de ses travaux. De ce point de vue, il faut impérativement renforcer encore l’investissement de toutes et tous dans l’Institut, en particulier travailler la parité parmi les camarades engagé·es dans l’institut, comme tu l’as souligné.

Merci donc de votre engagement, la réflexion au service de l’action et inversement, continuons à bâtir toutes et tous ensemble le syndicalisme du XXIe siècle !