Ce petit mot pour dire que la position de la FSU et d’autres sur le mouvement des gilets jaunes me laisse sur ma faim. Jeune retraité, je participe aux actions des gilets jaunes sur Tonneins et Marmande et je discute avec beaucoup.
Certains parlent d’une tentative de récupération de l’extrême droite qui seraient à la manœuvre. Je n’ai pas vu de près ou de loin des militants du FN s’en réclamant. Bien évidemment qu’il y a des idées racistes réactionnaires qui réclament la baisse des charges, des propos inquiétant remettant en cause l’existence d’un parlement. Comment pourrait-il en être autrement dans un mouvement de masse qui reflète la société ? Mais réduire le mouvement à cela est une grave erreur qui pourrait peser lourd pour les syndicats s’ils ne la corrigent pas.
C’est d’abord un mouvement populaire des petites gens qui travaillent et qui n’y arrivent plus, parce que les salaires sont trop bas. Il pose la question du pouvoir d’achat, de la justice sociale et fiscale. Et oui, ces gens sont conscients des enjeux écologiques. Oui, ils sont attachés aux services publics.
Ce sont des ouvriers, des précaires, des temps partiels, des AVS, des auto-entrepreneurs, des retraités… Ce qui est vrai aussi, c’est que s’exprime une haine du personnel politique, résultats de tant de renoncement, de trahison. Mais comme le dit si bien Ruffin, c’est la France des invisibles qui se rend visible. Et ils ne réclament ni l’aumône, ni des aides, ils veulent pouvoir vivre dignement de leur travail.
Qu’il y ait un regard de classe des puissants méprisants cela me paraît normal. Qu’il y ait un regard condescendant au mieux, méfiant parmi les organisations syndicales est incompréhensible pour moi.
Je suis en colère de les voir l’arme au pied face à ce mouvement. Depuis des années, on se bat pour que les gens agissent. Ils entrent dans l’action et, au lieu de s’en réjouir, on boude.
Il me semble que le rôle des syndicats étaient et est d’être avec ce mouvement, sans le diriger mais pour l’aider, l’accompagner. Pour lui éviter les pièges et les impasses, pour apporter leur expérience de la lutte.
Il n’est pas trop tard pour bien faire. Samedi, les gilets jaunes ont rendez-vous à 12h au Gravier. Les gilets rouges, verts, arc-en-ciel, à 14h place Jasmin. Et si les deux cortèges se rejoignaient ? Il me semble que le Front Populaire a commencé comme ça, par la jonction de deux cortèges syndicaux…
Jean-Paul Cazeneuve